Avez-vous déjà eu cinq ans?
C’est l’âge où vous étiez totalement en contact avec votre créativité. Vous étiez complètement et sereinement absorbés par elle. À cet âge, créer n’était jamais un problème pour vous.
Un jour, dans la salle d’attente d’un hôpital, j’observais un enfant de cinq ans en train de dessiner. Totalement absorbé, il s’activait comme si je n’existais pas. Son visage exprimait le plaisir et une grande concentration. Curieux, je lui demandai « Que dessines-tu? » Sans même lever la tête, il répondit « Je ne sais pas, je n’ai pas encore terminé » et il poursuivit de plus belle.
Sur le coup, je trouvai sa réplique très amusante. Je compris plus tard qu’il m’avait donné une grande leçon. Dans sa courte réponse, se cachaient quatre attitudes fondamentales favorisant la créativité.
La première, la non-attente. L’enfant n’avait aucune idée de ce qui sortirait de sa création. Cette non-attente face au résultat le rendait ouvert à ce qui s’élaborait sur sa feuille. Combien parmi nous sommes prêts à entreprendre une activité de création sans avoir d’attentes bien précises? Alors que, plus nous avons d‘attentes, plus nous passons à côté de la solution qui est là. Nous sommes aveuglés par ce qui n’est pas là, sans arriver à voir ce qui est devant nos yeux. Très mauvais pour la créativité.
La deuxième est un peu le corolaire de la première, l’ouverture à ce qui est. Ce jeune créateur n’avait aucune difficulté à s’activer quel que soient les formes qui surgissaient. Il ne manifestait aucun jugement face à ce qu’il produisait. Mais nous adultes, combien nous est-il difficile de ne pas réagir à ce qui se présente. Nous sommes très rapides à juger et à rejeter ce qui ne correspond pas à nos schèmes habituels. Passant ainsi à côté de pistes prometteuses.
En pleine concentration, l’enfant ne remarquait même pas ma présence. Seul son dessin existait. Ce genre de focus est primordial pour amener tout projet de création à terme. Pas de distraction ni de perte d’énergie dispersée sur plusieurs cibles en même temps. Être totalement concentré et présent à ce que nous entreprenons est u ingrédient essentiel à toute créativité qui se veut productive.
La dernière mais non la moindre, le plaisir. Il était évident que mon petit artiste éprouvait du plaisir à sa tâche. Pour lui, c’était un jeu, ce qui le motivait d’autant plus. Nous oublions trop souvent cet aspect dans nos occupations. Comment pouvons-nous être créatifs lorsque notre activité nous ennuie à mourir. Nous prenons les choses beaucoup trop au sérieux. Voyons davantage ce que nous accomplissons comme un jeu et prenons-y du plaisir. Notre créativité n’en sera que plus libre et satisfaisante.
Sandra Brassard -
Très juste Clément! Ca fait du bien de l’entendre encore et encore ce message;) Je me rappelle de mon dessin de tortue qui m’apparaissait interminable à cause des motifs que j’avais à dessiner sur son dos… et tu mas dit:« Mais qu’est-ce qui presse, ça prendra le temps que ça prendra, allez dessines-moi des écailles de tortue jusqu’à la fin du cours…Et l’espace soudain n’était plus le même! C’était très rassurant comme sentiment. Je l’ai encore ce dessin;) Merci:)))
Lise Lareau -
En effet, quelle belle leçon pour nous tous… Et surtout pour moi. Aucune angoisse de la plage blanche dans ce cas. Tout le contraire de ce que j’ai appris. Merci c’est vraiment bon
Lise Lareau -
Quelle belle leçon pour le dessin mais aussi pour la vie. J’en prends bonne note.
Merci pour ce bel article.